Antithesi, À propos de l’écologie du capitalisme, 2017 (traduit du grec par Annie Gouilleux)
Le capital ne s’inquiète point de la durée de la force de travail. Ce qui l’intéresse uniquement, c’est le maximum qui peut en être dépensé dans une journée. Et il atteint son but en abrégeant la vie du travailleur, de même qu’un agriculteur avide obtient de son sol un plus fort rendement en épuisant sa fertilité.
1867, Karl Marx
La domination du mode de production capitaliste est intimement liée à la dévalorisation permanente à la fois de la nature humaine et de la nature extérieure à l’homme. C’est ce que nous tenterons de démontrer, à l’aide des outils de la critique marxienne de l’économie politique, avant de procéder à une critique détaillée des « solutions » proposées par l’« économie environnementale ».
Enfin, nous essayerons de présenter une analyse de certains aspects des luttes sociales qui se sont dressées contre la dévalorisation de la nature, et de faire preuve d’esprit critique envers les idéologies qui sont apparues et ont fait obstacle au développement de ces luttes.
Nous verrons ainsi qu’en appeler à résoudre la question environnementale sans évoquer la nécessité d’abolir les rapports de production et les rapports sociaux capitalistes revient essentiellement à accepter l’état des choses actuel. Ou, pour le dire autrement : « tout débat sur l’éco-pénurie, sur les limites naturelles, sur la surpopulation, et sur la durabilité est un débat sur la préservation d’un ordre social particulier, plutôt qu’un débat sur la sauvegarde de la nature en soi ».