Mafalda et Valérian, On a les chefs qu’on mérite !, DDT21, septembre 2014
Il fut une époque où l’on avait raison, on en était convaincus et on défendait très justement ses positions. Nos arguments n’étaient pas meilleurs que ceux d’en face, c’étaient les nôtres. On se battait. Aujourd’hui, il faut d’abord (se) prouver qu’on a raison et, chiffres à l’appui, qu’en plus c’est bon pour l’économie française, l’emploi et l’équilibre de tel ou tel budget. Il faut donc chercher à discuter, sans cesse, de préférence avec ceux qui ont le pouvoir (maires, députés, directeurs, etc.). […] La focalisation sur la culture masque les vrais enjeux (le travail, la précarité, l’exploitation), comme s’emploient à le faire gouvernants et journalistes. Le Medef également, qui, dès février 2014, annonçait vouloir supprimer le régime des intermittents du spectacle.
Écrit par deux participants au mouvement des intermittents du spectacle de 2014, ce récit enragé et croustillant met en lumière les questions classiques qui se posent au cœur de chaque « mouvement social » : auto-organisation, démocratie interne, militantisme, grève ou blocage, rapport de force, etc. Et il apporte quelques pistes de réponse. S’il aborde la question du spectacle vivant, c’est comme un secteur d’activité économique où, comme partout ailleurs, des prolétaires sont exploités et tentent de survivre et, parfois même, se révoltent… au-delà de la défense d’une prétendue « Culture ». Le texte est complété de la reproduction de tracts écrits durant le mouvement ainsi que de commentaires de Bruno Astarian.