Yann Kindo et Christophe Darmangeat, Caliban et la sorcière ou l’histoire au bûcher, 2018
Nous vivons une période où sur le plan social, il est malgré tout infiniment plus admis de militer sur le terrain du féminisme – le plus souvent, dans des milieux qui ne sont pas les plus exploités – que sur celui des idées communistes, et auprès des travailleurs du rang. Dès lors, il est tentant de se persuader que la lutte féministe constituerait un substitut tout à fait acceptable à la lutte communiste. C’est malheureusement faux et si, comme c’est le cas ici, sous couvert de « radicalisme », ce renoncement s’accompagne d’un regard de Chimène pour des divagations antirationalistes, d’une idéalisation des sociétés précapitalistes et de l’abandon des raisonnements les plus fondamentaux du marxisme, la démission prend des allures de débâcle.
“Le récit de [Caliban], comme tant d’autres avant lui, joue implicitement sur le sentiment trompeur qu’un passé dans lequel les femmes auraient occupé une position favorable constituerait un socle pour leurs combats futurs.”